Les communautés indigènes en Argentine

Atacamas ou Guaranis, Mapuches ou Selk’nam, de nombreuses communautés amérindiennes peuplaient l’Argentine avant l’arrivée des conquistadores.

Améridiens araucans

Le 12 octobre est férié en Argentine, pour fêter le jour de la diversité : c’est ainsi le jour de la découverte des Amériques par Christophe Colomb, en 1492, que les traditions indigènes sont célébrées. Indifféremment appelés indiens, autochtones, indigènes, aborigènes, originaires ou natifs, ces populations ont précédé le peuplement actuellement majoritaire en Argentine, constitué d’immigrants européens. Le pêle-mêle de nationalités arrivé au cours des siècles fait des racines étrangères une partie intégrante de l’identité argentine. « L’Argentine est le seul pays du monde où l’on peut être polonais, juif ou autre, et être argentin, sans qu’il y ait la moindre contradiction », remarque chef d’orchestre argentin Daniel Barenboim, pressenti pour le prix Nobel de la paix pour son orchestre Diwan Orient Occident où jouent israéliens et palestiniens. Mais cet accord national se fait souvent au détriment des indigènes, en bonne part laissés pour compte dans le développement du pays.

Paysans du Chaco argentin

On pense qu’environ 1 500 000 guaraníes étaient installés sur le territoire actuel de l’Argentine aux XV et XVI siècles. Venus du Nord-Est le long des cours d’eau, ils formèrent des groupes distincts selon leur lieu d’élection ; depuis le Delta du Paraná jusqu’aux cainguás de Mésopotamie ou aux chiriguanos du Chaco. C’est Hernandarias, originaire d’Asuncion dans l’actuel Paraguay, qui implanta  les premiers élevages de vaches en Argentine, future manne nationale du vice-règne du Río de la Plata dès le XVIIIe. On retrouve l’influence de la culture guarana dans nombreuses coutumes, musiques et aliments comme la mandioca, la patate douce, la courge, le haricot et la yerba mate.

Depuis la colonisation espagnole, les indigènes sont passés d’environ 70 millions à 600 000 personnes, soit une infime minorité de la population argentine aujourd’hui. Cette baisse drastique de population indigène sur les 3 derniers siècles est due à la conjonction de nombreux facteurs : les épidémies contractées au contact des nouveaux arrivants, l’expulsion de leurs terres qui les a privés de moyens de subsistance, les campagnes de nettoyage ethnique appelées « conquête du désert » par le Général Roca, mais aussi le métissage naturel avec les autres populations, les luttes internes entre les tribus et l’intégration à un mode de vie urbain a dilué leurs traditions originales.

Communauté quechua argentine

Les indigènes qui peuplaient le territoire actuel de l’Argentine étaient du Nord au Sud : Atacamas, Omaguacas, Diaguitas, Lule-Vilelas, Tonocotes, Sanavirones, Comechingones, Huarpes, Chiriguanos, Wichis, Guaicurus, Guaranis, Charruas, Querandis, Abipones, Pampas, Pehuenches, Mapuches ou Araucans, Tehuelches, Selk’nam ou Onas, Yamanas ou Yahgan et Haush. Certains, dont on connait l’existence grâce aux témoignages écrits des premiers explorateurs, se sont éteints avec la colonisation, d’autres plus récemment, comme les Selk’nam de Terre de Feu, qui ont vu mourir leur dernier représentante Virginia Choinquitel en 1999.

L’Argentine abrite actuellement 35 peuples indigènes différents, selon l’ Étude complémentaire que l’ État leur a consacré en 2004. Parmi les communautés les plus nombreuses (au moins 50 000 membres recensées), on trouve les Kollas, Tobas, Wichis et Mapuches.

Communautée Guarani, Misiones

Au Nord-Est, Chaco, Corrientes, Entre Ríos, Formosa, Misiones, Santa Fe et Santiago del Estero : Charrúa, Lule, Mbya-Guaraní, Mocoví, Pilagá, Toba, Tonocoté, Vilela, Wichí. Les Mbya-Guaranis sont environ 5 000 implantés sur la rive du Paraná, mais plus nombreux du côté du Paraguay ou du Brésil où les traditions indigènes sont restées plus vivaces.

Au Nord-Ouest, Catamarca, Jujuy, La Rioja, Salta, San Juan, Santiago del Estero et Tucumán : Atacama, Avá-Guaraní, Chané, Chorote, Chulupí, Diaguita-Calchaquí, Chicoana, Kolla, Ocloya, Omaguaca, Tapiete, Toba, Tupí, Wichí, Inca.
Les Diaguitas-Calchaquies sont aujourd’hui les plus nombreux de la région, avec 400 000 individus, dans les vallées du Nord-Ouest et la région du Cuyo. Juste derrière, les Kollas estimés à 170 000, ont repris l’héritage des Quechuas, directs descendants de l’Empire Inca qui s’étendait sur tout le Pérou et la Bolivie, d’ailleurs restés plus présents dans ces pays qu’en Argentine.

Améridien Tehuelche, Patagonie centrale

Au Centre, Buenos Aires, Córdoba, La Pampa, Mendoza et San Luis: Atacama, Avá Guaraní, Comechingon, Diaguita-Calchaquí, Huarpe, Kolla, Mapuche, Querandí, Rankulche, Toba, Tupí Guaraní. Les Tobas, au nombre de 200 000 au XVI e, sont aujourd’hui environ  60 000, surtout présents dans les provinces rurales les plus pauvres de Formosa et du Chaco. Leurs voisins, les Wichis, ont maintenu une population assez stable autour de 80 000 membres.

Au Sud, Chubut, Neuquén, Río Negro, Santa Cruz et Tierra del Fuego : Alacaluf, Haush, Ona-Selknam, Puelche, Tehuelche, Yamana. Les Mapuches sont les indigènes les plus nombreux, avec 90 000 membres en Argentine et un million au Chili. Ils se déclinent en diverses communautés selon leur territoire : les Huilliches du Sud, les Lafkenches de l’Ouest, les Nagches de la vallée et les Pehuenches des forêts. En effet, lors de ce qu’on a nommé l’araucanisation de la pampa, lors de laquelle cette tribu guerrière a absorbé ou chassé toutes les autres tribus préexistantes comme les Tehuelche Tehuelches, dont certains ont pris acte de la disparition, malgré 2 000 descendants plus ou moins métissés à l’extrême Sud du continent.

Famille du Noroeste, Iruya

Si les traditions culturelles et le savoir faire artisanal de ces populations sont vraiment fascinants, on peut sentir une sorte de malaise devant le double discours du gouvernement qui tient un discours exotique pour stimuler le tourisme, tout en ignorant des revendications de base des communautés indigènes. Ce n’est que le 11 août 1994 que l’Argentine a modifié sa constitution en incluant « la préexistence ethnique et culturelle des peuples indigènes argentins », leur droit à la participation politique, au respect de leur identité, au bilinguisme et à l’éducation interculturelle.

Juan Bautista Ambrosetti fut l’un des premiers ethnologues à étudier sérieusement la culture indigène. Mais ce n’est qu’en 1985 qu’est votée la loi fédérale 23.302, première à créer le cadre juridique d’une « Politique indigène et assistance aux communautés aborigènes ». En 1988, le président Raul Alfonsin a fait passer la loi 23.592 contre la discrimination et en 1995, l’INADI, institut national contre la discrimination, la xénophobie et le racisme a été chargé de la faire appliquer. Un vaste courant de défense des indigènes sur tout le continent américain a été accentué en Argentine avec le retour à la démocratie et la pression des ONG et forums internationaux qui ont élaboré une déclaration des droits des peuples autochtones de l’ONU en 2007.

L'identité andine

De nos jours, des communautés indigènes s’organisent pour lutter contre leur marginalisation et les discriminations dont ils sont souvent victimes. C’est ainsi que Félix Diaz est devenu le porte parole de Qoms, et a rendu visite au pape Francisco pour lui faire part des ses préoccupations graves concernant la survie de la communauté de la Primavera à Formosa en l’absence de moyens de subsistance, d’accès aux nécessités de base comme l’eau, l’éducation, la santé, et surtout la sécurité. Les revendications les plus exprimées sur la scène publique concernent la restitution des terres ancestrales, le droit à l’éducation bilingue et à la libre détermination. En effet, la vision indigène du monde comprend des modes d’organisations tout à fait différents des modèles occidentaux, notamment avec une gestion sociale et politique décentralisée et participatif, ainsi que la défense de la terre comme une part sacrée de leur vie plutôt qu’une ressource à exploiter.

Des initiatives locales se développent peu à peu pour revendiquer une meilleure reconnaissance de l’identité indigène. Ainsi, le groupe Cháguar a publié une compilation d’histoires d’enfants indigènes du Noroeste sous le titre de “Nous te racontons notre vie”, afin de donner une autre vision de l’histoire que les manuels officiels qui présentent le général Roca comme un héros, malgré son rôle avéré dans le génocide de tribus de la Pampa et de Patagonie. Son portrait qui figure sur les billets actuels de 100 pesos est peu à peu remplacé par celui d’Evita.

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